Gouvernance des associations : structurer et professionnaliser.

Analyse

Organisée dans le cadre d’un nouveau cycle de rencontres intitulé « Les ateliers de la gouvernance », une conférence sur la gouvernance des associations s’est tenue début mai à l’EM Strasbourg. Constat partagé par les intervenants : au cœur de l’économie et fortes de leur rôle sociétal, les associations doivent renforcer leur pilotage pour attirer des compétences extérieures et se projeter dans l’avenir.

 

Souvent louées pour leur rôle structurant au sein de la société, mobilisant des centaines de milliers de bénévoles à travers la France, les associations véhiculent parfois une image mêlant amateurisme et fragilité financière. Une réalité dans certains cas, mais à laquelle il est possible d’opposer des solutions pragmatiques, abordées lors de la conférence coanimée par Patrice Charlier, responsable de la chaire « Gouvernance et transmission d’entreprise » au sein de l’EM Strasbourg et par Bernard Claude, délégué régional de l’Institut français des administrateurs (IFA). Autour d’eux, Jean-Louis Kiehl, président de la fédération française des associations Crésus (lutte contre le surendettement) et Franck Suzon, président de l’association LEA (insertion des handicapés par le travail) ont reconnu le chemin qu’il reste à parcourir pour renforcer ces structures, sous le regard d’Alain Fontanel, premier adjoint au maire de Strasbourg en charge de l’économie sociale et solidaire et de la culture.

 

La formation comme rempart aux erreurs

« Le conseil d’administration d’une association, ce sont des bénévoles qui viennent à des réunions le soir après le travail », a ainsi rappelé en préambule Franck Suzon, qui est aussi directeur de APF Entreprises Alsace. Une remarque qui résume les enjeux : comment renouveler et professionnaliser les membres en place, mobiliser des personnalités « qualifiées » extérieures et les amener, ensemble, à une réflexion stratégique sur leur association. Si toutes ne sont pas confrontées à ces défis, les plus importantes, dont le budget place les administrateurs devant des responsabilités conséquentes, doivent en tenir compte. D’autant que les pouvoirs publics, principaux bailleurs de fonds, veillent : « Les attentes qui pèsent sur les associations sont désormais du niveau de celles qui pèsent sur les collectivités », explique Alain Fontanel, « ce que nous voulons c’est que cela marche, en toute transparence ». Il dénonce certains dysfonctionnements qui parfois vont jusqu’à entraîner la fermeture d’une association. En partenariat avec l’IFA, l’EM Strasbourg s’apprête à mettre en place un module de formation des administrateurs, qui tendra à professionnaliser leur rôle. Une bonne réponse, selon l’élu : « Je suis partisan de dire qu’à partir de tel ou tel budget, le président, le directeur et le trésorier doivent suivre une formation ».
 

« Les attentes qui pèsent sur les associations sont désormais du niveau de celles qui pèsent sur les collectivités »
Alain Fontanel

 

 

Des associations plus attirantes

Reste la question de la nomination de personnalités extérieures : « une bonne idée, car elle remet en question l’entre soi dans les associations », reconnaît Franck Suzon. « La mise en place d’un comité d’éthique indépendant, émettant des avis soumis au Conseil d’administration peut aussi constituer une première étape », avance Jean-Louis Kiehl. Ce dernier ne manque pas non plus de souligner que les outils numériques facilitent aujourd’hui grandement la tâche des administrateurs et leur fait gagner du temps. Dans l’optique de rendre les associations plus attirantes, y compris pour les jeunes, cette révolution est au moins aussi importante que l’acceptation progressive du fait qu’une association peut aussi réaliser des bénéfices, mis en réserve, et s’affranchir petit à petit des financements publics devenus plus sélectifs.

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